MaƮtre Yang Jwing Ming (partie 1)
- Pierre-Luc Lepage
- 11 aoƻt 2020
- 4 min de lecture

MaĆ®tre Yang Jwing Ming (ę„äæę)
Le fondateur de la Yangās martial arts association (YMAA) est nĆ© le 11 aoĆ»t 1946 dans le village Ā« Yang Ā»[1] prĆØs de la ville Nanliao; cette derniĆØre Ć©tant situĆ©e dans la rĆ©gion de Xinzhu sur la cĆ“te nord-ouest de lāĆ®le de Taiwan. Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs bases militaires Ć©taient situĆ©es sur lāĆ®le et contrĆ“lĆ©es par l'Empire japonais. TaĆÆwan subit alors les bombardements amĆ©ricains, dĆ©truisant par le fait mĆŖme les villages voisins. Pour cette raison, beaucoup de gens vivant au sein de ces villages dĆ©cidĆØrent de dĆ©mĆ©nager. Dans le cas de la famille de MaĆ®tre Yang, ils dĆ©mĆ©nagĆØrent dans la ville de Xinzhu alors quāil nāavait que deux ans.
De 1945 Ć 1949, TaĆÆwan Ć©tait dans un chaos total dāaprĆØs-guerre. La situation sāaggrava lorsque le gĆ©nĆ©ral Jiang Kaishek fut dĆ©fait par les Communistes en Chine. En effet, le gĆ©nĆ©ral retraita sur lāĆ®le aprĆØs sa dĆ©faite et emmena avec lui son armĆ©e ainsi que des milliers de civils qui le suivirent. Ces derniers Ć©taient si nombreux[2] que TaĆÆwan devint surpeuplĆ©e et un problĆØme de famine arriva rapidement. MaĆ®tre Yang vĆ©cut de ce fait une enfance dans la pauvretĆ©, ce qui aura une importance non nĆ©gligeable sur la suite de son parcours.
DƩbuts dans les arts martiaux et entrainement
DĆØs son tout jeune Ć¢ge, MaĆ®tre Yang Ć©tait fascinĆ© par les artistes martiaux faisant des dĆ©monstrations dans les rues de Xinzhu, de mĆŖme que par les films dāarts martiaux. Ces derniers lui donnaient une volontĆ© de Ā« rĆ©pondre adĆ©quatement Ā» aux personnes qui riaient de ses vĆŖtements usĆ©s par ses frĆØres aĆ®nĆ©s. MaĆ®tre Yang mentionne toutefois que cāest sa motivation Ć se prouver Ć lui-mĆŖme quāil pouvait Ć©liminer la peur de son esprit, qui fut sa principale motivation Ć apprendre le gong fu ļ¼å夫ļ¼. Cette motivation doit ĆŖtre mise en contexte de possible conscription. En effet, dans les annĆ©es 60 les jeunes hommes de TaĆÆwan vivaient dans la peur de devoir faire un service militaire obligatoire dĆ» Ć la guerre du Vietnam. MaĆ®tre Yang, comme la plupart des autres, dĆ©sirait ĆŖtre le mieux prĆ©parĆ© possible dans le cas dāune dĆ©portation. Il Ć©tait cependant difficile de trouver un maĆ®tre compĆ©tent voulant enseigner Ć cette Ć©poque, puisquāil nāy avait pas de relation monĆ©taire entre un Ć©lĆØve et son maĆ®tre. Les maĆ®tres enseignaient aux Ć©lĆØves quāils jugeaient dignes de recevoir leurs enseignements, et les Ć©lĆØves apprenaient car ils avaient une grande soif dāapprendre. Dans ce contexte, si un Ć©lĆØve n'Ć©tait pas assez motivĆ© Ć l'entrainement le maĆ®tre se rĆ©servait le droit de lāexpulser.

MaĆ®tre Yang fut donc introduit Ć son maĆ®tre par lāintermĆ©diaire dāun camarade de classe qui pratiquait dĆ©jĆ depuis quelques annĆ©es. Il se rendit Ć Guqifeng, un sommet montagneux prĆØs de son Ć©cole secondaire où il fit la connaissance MaĆ®tre Cheng Gin Gsao ļ¼ę¾éē¶ļ¼, un maĆ®tre de la Grue Blanche de Shaolin ļ¼å°ęē½é¶“ę³ļ¼. Ce dernier lāaccepta et MaĆ®tre Yang Ć©tudiera avec lui durant 13 ans (1961-1974) jusquāau dĆ©cĆØs de ce dernier, en 1974. Durant ces 13 annĆ©es, il deviendra un expert en Grue Blanche, ce qui inclut le combat Ć main nue, diffĆ©rentes armes blanches comme le sabre, le bĆ¢ton, la lance, le trident ou encore les bĆ¢tons courts[3]. Il Ć©tudiera Ć©galement le Qigongļ¼ę°£åļ¼, les Qin Naļ¼ęęæļ¼, les massages Tui Na ļ¼ęØęæļ¼ et Dian Xue ļ¼é»ē©“ļ¼ de mĆŖme que les traitements aux herbes.
MaĆ®tre Yang sera introduit au Taiji ļ¼å¤Ŗę„µę³ļ¼ un an aprĆØs avoir commencĆ© la Grue sous MaĆ®tre Cheng. Ć cette Ć©poque, il nāavait pas vraiment dāintĆ©rĆŖt pour un autre style martial; cāest un ulcĆØre chronique qui motivera MaĆ®tre Cheng Ć lui donner la permission[4] de chercher un maĆ®tre de Taiji. En effet, ce dernier croyait que le Taiji pourrait aider son Ć©lĆØve Ć relaxer ses organes internes. Cāest donc Ć lāĆ¢ge de 16 ans que MaĆ®tre Yang commenƧa Ć Ć©tudier avec MaĆ®tre Gao Tao((é«ęæ¤), alors Ć¢gĆ© de 29 ans. MaĆ®tre Gao ordonna alors Ć MaĆ®tre Yang dāĆŖtre prĆ©sent chaque matin Ć 6h 30, sans quoi il ne pourrait plus continuer. AprĆØs six mois de pratique, lāulcĆØre chronique de MaĆ®tre Yang commenƧa alors Ć se dissiper pour finalement disparaĆ®tre. Selon lui, les simples techniques de respiration et de mouvement de la colonne vertĆ©brale eurent raison dāune douleur qui lāaffectait depuis 7 ans. Il continua Ć pratiquer avec MaĆ®tre Gao durant 2 ans et demi jusquāĆ ce quāil dut dĆ©mĆ©nager Ć Taipei pour les Ć©tudes.
Cāest durant sa premiĆØre annĆ©e en physique au Tamkang College de Taipei que MaĆ®tre Yang dĆ©couvrit le Long Poing de Shaolin (å°ęé·ę³). Cāest en sāexerƧant avec un camarade quāil dĆ©couvrit que si ce dernier Ć©tait capable de garder une bonne distance, il Ć©tait incapable de lāatteindre alors que lui le pouvait sans problĆØme. Cependant, lorsquāil rĆ©ussissait Ć sāapprocher, son adversaire avait beaucoup de difficultĆ© Ć contrer ses attaques. Il demanda alors Ć ce camarade de lui enseigner le Long Poing. Ce dernier dĆ©clina, mais lui suggĆ©ra de crĆ©er un club dāarts martiaux et dāinviter un instructeur qualifiĆ©. Cāest de cette maniĆØre quāil commenƧa Ć Ć©tudier le Long Poing sous MaĆ®tre Li Maoqing (ęčęø ). MaĆ®tre Li eut la rare opportunitĆ© dāĆ©tudier sous plusieurs maĆ®tres, chacun dāeux Ć©tant professeurs Ć la cĆ©lĆØbre Nanjing Central Guoshu Institute, et faisant partie des meilleurs artistes martiaux de leur Ć©poque. Le Long Poing de la YMAA est donc constituĆ© de plusieurs styles longue portĆ©e combinĆ©s, Ć lāinverse de la Grue Blanche de MaĆ®tre Cheng qui elle est un style que lāon pourrait qualifier de Ā« pure Ā». MaĆ®tre Li Maoqing Ć©tait Ć©galement un expert en Qin Na[5] ; discipline dans laquelle MaĆ®tre Yang deviendra un expert.
Sources :
[1] Dans la culture chinoise, les gens prennent le nom de famille de leur village Ć leur naissance. Ainsi, il y avait entre 600 et 800 personnes surnommĆ©es Yang dans le village natal de MaĆ®tre Yang. [2] Ils comptaient alors pour 1/3 de la population de TaĆÆwan. [3] Two short rods. [4] Traditionnellement, Ć©tudier sous un autre maĆ®tre sans la permission de son propre maĆ®tre Ć©tait considĆ©rĆ© comme une trahison dans la culture martiale. [5] Lāart de saisir et de contrĆ“ler un adversaire



